Cercle de lecture - Décembre 2024
Ce genre de petites choses de Claire KEEGAN
Pour notre dernière rencontre de l’année, ce récit court en forme de conte de Noël a fait l’unanimité grâce à sa profonde humanité et son heureux dénouement malgré le contexte très dur du récit. L’histoire se déroule au Nord de l’Irlande sans une petite ville s’apprêtant à célébrer Noël vers les années 70, une petite bourgade paisible dominée par le monastère des Magdalen Sisters qui tire ses revenus d’une blanchisserie où travaillent des jeunes filles rejetées par la société en raison de leur conduite jugée immorale, où elles mettent au monde des enfants conçus par accident.
La neige de l’hiver habille le paysage, reflète les lumières des fenêtres et des vitrines, des bougies et flambeaux des préparatifs, mais aussi le froid mordant les pauvres mal vêtus et mal chaussés. Le marchand de combustibles William Furlong se trouve fort occupé à ses dernières livraisons, dont l’une le conduit au monastère, où il trouve un accueil peu charitable qui lui rappelle son statut d’enfant sans père, bien qu’il aie été accueilli et éduqué par l’employeuse de sa mère et acquis un statut social honorable par son esprit industrieux, sa probité et son mariage avec une bonne épouse qui lui a donné quatre filles, formant une famille unie et aimante.
Il découvre une jeune fille transie de froid, pieds nus, dans la remise à bois, dont on ne sait trop si elle s’y est cachée pour s’enfuir ou si elle y est enfermée par punition, et, rempli d’une compassion grandissante, décide de la ramener dans son foyer.
Toute l’histoire est pleine de petites notations d’apparence anodines, qui dévoilent tout un monde provincial où l’on se jauge et se juge, mais aussi où la solidarité ne fait pas défaut, où l’homme le plus humble peut faire preuve de délicatesse sensible (Ned, le probable père de William qui a préféré lui laisser croire à une ascendance plus prestigieuse). Le beau personnage de William se révèle dans sa générosité spontanée et sans ostentation, elle nous rappelle par contraste ce qu’a pu être la dureté et la cupidité de l’ordre religieux exploitant de pauvres filles, vendant leurs bébés sous couvert d’œuvre d’assistance, ce qui déclencha un scandale national et une repentance officielle tardive.
On ne sait comment la famille de William accueillera la réprouvée, lui-même s’attend à des difficultés, mais c’est l’espoir et l’humanité qui demeurent et nous laissent au cœur une impression durable, sans l’aide de grandes phrases lyriques, dans la juste simplicité de la narration. Un bien beau partage pour rappeler l’esprit de Noël.
Les coups de coeur
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