AU BONHEUR DES DAMES
Emile ZOLA
Ce roman très documenté évoque la naissance des grands magasins dans le Paris transformé par Haussmann, à travers le destin d’une vendeuse venue de province (Denise) et d’un entrepreneur commercial (Mouret).
Le récit un peu convenu voire mièvre de leur idylle apporte un souffle romantique à cette chronique d’un réalisme saisissant opposant le petit commerce traditionnel à un nouveau modèle capitaliste basé sur tout ce qui se retrouve aujourd’hui pour maximiser les gains : bataille des prix, publicité, intéressement du personnel qui conduit à une féroce compétition, incitation à une consommation sans limite.
La cible de ce commerce sont les femmes et leur gout de la toilette, Mouret les tente jusqu’à la névrose par l’abondance de l’offre de tissus et vêtements, décrite par l’auteur avec un luxe de détails traduisant à la fois l’émerveillement, la fascination et l’écoeurement des clientes et du lecteur.
Le panorama des employés nous rappelle la dureté des conditions de travail de cette période de fortes inégalités sociales aux protections collectives balbutiantes, source d’une précarité qui limite la solidarité et les revendications du personnel, occasion pour Zola de nous dépeindre les mesquineries des uns et des autres pour assurer leur survie. Il évoque aussi les moments plus joyeux des Dimanches de loisirs, rappelant certains tableaux impressionnistes.
L’intérêt trouvé à cette lecture a été assez unanime, les thèmes du roman ayant suscité des réflexions riches et nombreuses mettant en parallèle cette fin de 19ème siècle et notre époque.
Le style d’écriture de Zola peut déconcerter aujourd’hui par ses descriptions exhaustives et ses incessants rebondissements romanesques, qui nous rappellent que ces récits se publiaient d’abord en feuilleton dans les journaux.
Au- delà du roman, c’est un document quasi ethnographique que Zola nous offre aujourd’hui, et, pour les amateurs de mode, une fantastique profusion d’images.
